La tour Eiffel reste fermée, mardi 20 février, pour la deuxième journée d’affilée, en raison d’un mouvement de grève lancé par les deux syndicats représentatifs du personnel qui dénoncent la gestion du site, a confirmé à l’Agence France-Presse un représentant de la Confédération générale du travail (CGT).
La Mairie de Paris, principal actionnaire de la Société d’exploitation de la tour Eiffel (SETE), « refuse de négocier pour le moment », a souligné Alexandre Leborgne en amont de l’assemblée générale qui doit entériner la reconduction du mouvement. En pleines vacances scolaires d’hiver et à cinq mois des Jeux olympiques (26 juillet – 11 août), la CGT et Force ouvrière (FO) veulent obliger la municipalité à infléchir un modèle qu’ils jugent « intenable » pour la SETE.
Les deux syndicats, qui avaient déjà conduit une grève entraînant la fermeture de la « dame de fer » le 27 décembre, jour du centenaire de la mort de Gustave Eiffel, reprochent à la Mairie une « recherche de rentabilité à tout prix et à court terme ». Ils lui demandent d’être « raisonnable au niveau de ses exigences financières afin d’assurer la pérennité du monument et de l’entreprise qui le gère ».
Des tarifs en hausse
Le montant de la redevance que la SETE reverse à la Mairie, le prix des entrées et le budget des travaux, trois paramètres financiers essentiels, sont en train d’être revus avec un avenant au contrat de délégation de service public qui court jusqu’en 2030. L’avenant doit être validé d’ici à cet été au Conseil de Paris. La piste envisagée est d’augmenter les tarifs de 20 %, mais les interprétations diffèrent quant à la redevance et à l’enveloppe des travaux.
L’année dernière, la tour Eiffel a retrouvé une fréquentation supérieure à ce qu’elle était avant la pandémie de Covid-19, avec 6,3 millions de visiteurs, majoritairement étrangers (environ 80 % selon les statistiques de 2023). Cependant, l’équilibre économique a été fragilisé par quelque 120 millions d’euros de manque à gagner lors des deux années de crise sanitaire (2020 et 2021).
Pour faire face, la SETE a été recapitalisée à hauteur de 60 millions d’euros en 2021. Mais aux pertes de recettes s’est ajoutée une facture supplémentaire équivalente – environ 130 millions d’euros – de surcoûts de travaux de rénovation, principalement liés à l’actuelle campagne de peinture, compliquée par la découverte de traces de plomb.
« De nombreux points de corrosion sont visibles »
Malgré les sommes investies, « de nombreux points de corrosion sont visibles, symptômes d’une dégradation inquiétante du monument », vieux de cent trente-cinq ans, s’inquiètent les syndicats, déplorant les « 100 millions d’euros investis pour une campagne de peinture partielle avec seulement 3 % du monument décapé ». Ils réclament la création d’un « fonds de dotation spécial » pour les futurs travaux et accusent la SETE et la Mairie de repousser la modernisation des ascenseurs et du dispositif de scintillement.