Comme tant d’autres, j’ai éprouvé, dimanche 7 juillet, un intense soulagement à l’annonce des résultats des élections législatives. Avec bien d’autres, j’ai aussi senti le vent de l’espoir avec ce résultat inattendu du Nouveau Front populaire (NFP). Je sais ce qu’il doit au réflexe de front républicain que l’on disait moribond, mais je sais aussi, à l’intérieur de ce réflexe, ce qu’il doit à la mobilisation de centaines de milliers de citoyens, de militants associatifs et, plus généralement, de l’économie sociale et solidaire (ESS).
Je suis de ceux-là et j’avais sans hésitation pris mes responsabilités à l’annonce de cette dissolution baroque, qui semblait conduire à une victoire inéluctable de l’extrême droite. Le président de la République paraissait lui-même résigné à cette victoire, ou alors faisait-il un calcul peu glorieux. Les électeurs l’ont démenti et lui ont imposé une équation compliquée en lui faisant connaître une défaite cinglante.
La réponse institutionnelle lui appartient, mais on voit mal comment le président de la République pourrait s’écarter de la logique des institutions ou du choix des électeurs en refusant d’appeler Lucie Castets à former un gouvernement, alors que le NFP est le bloc arrivé en tête. A ce stade, toute autre configuration ne serait que rafistolage.
Certes, le Nouveau Front populaire n’a pas de majorité, mais il a cette légitimité sortie des urnes qui ne fait pas débat. Il a des dissensions internes ? La bonne blague : y a-t-il une seule ligne politique au sein de la majorité sortante qui justifierait toute leçon de morale ? Son programme n’est pas cohérent avec les engagements budgétaires de la France ? Quelle hypocrisie : ont-ils été respectés par la majorité sortante ?
Une finance du réel
Je suis un républicain intransigeant sur les principes constitutionnels et sur l’état d’esprit qui doit dicter la vie politique ainsi que les devoirs de nos dirigeants. A ma mesure, je m’y astreins dans mes responsabilités économiques et sociales.
Je suis banquier et je suis de gauche. Il n’y a aucune contradiction. La finance, quand elle est éthique, engagée ou coopérative, avec ses idéaux d’économie sociale et solidaire qui me sont chers, est une finance du réel. Comme ancien président d’ESS France, la chambre française de l’économie sociale et solidaire, j’ai pu voir sa force et son ancrage avec plus de 200 000 entreprises et organisations implantées dans tous les secteurs économiques.
J’aime la vérité en politique. Rien ne sera simple dans l’application du programme du NFP. En tant que chef d’entreprise, j’en connais les limites et les effets indésirables, y compris pour le monde de l’économie sociale et solidaire, en ce qui concerne la hausse du smic, par exemple.
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