Pour la deuxième année consécutive, la petite station de ski de Puyvalador (Pyrénées-Orientales), située à 1 700 m d’altitude à une centaine de kilomètres de Perpignan, n’ouvrira pas ses pistes. L’« absence totale de dialogue » entre la commune et le délégataire, associé à une baisse de la fréquentation de la station, le changement climatique, une concurrence de plus en plus forte ainsi qu’un « défaut de compétences et de moyens » auront eu raison de cette délégation de service public (DSP), constate la cour des comptes dans son rapport publié le 2 février.
« Lorsque nous avons signé le contrat d’affermage en 2019, l’outil était censé être en état de fonctionnement », rappelle Julien Sabarthès, l’ancien délégataire. « Or cela n’était pas le cas : les missions d’inspection trentenaires des installations n’avaient pas été faites et le réseau de neige de culture n’était pas opérationnel. J’aurais dû faire faire un constat et la station n’aurait jamais ouvert. »
À la place, Julien Sabarthès fait réaliser 257 671 euros de travaux. Des travaux « pouvant être analysés de prime abord et pour partie comme relevant du périmètre d’action de la commune au sens de la délégation de service public », selon la Cour des comptes. Malgré cela, « ces dépenses n’ont jamais été remboursées par la commune », observe-t-elle, « générant depuis lors un désaccord persistant » et la décision par le délégataire Destination montagne de ne pas ouvrir la station l’hiver 2022-23, entraînant une rupture de la DSP par la commune pour faute grave.
Une ardoise de 250 000 euros
Près de douze mois plus tard, même s’il trouve la juridiction financière encore trop conciliante avec la commune, Julien Sabarthès s’estime tout de même satisfait. Rapport à l’appui, il entend relancer la procédure devant la juridiction administrative, pour l’instant au point mort. Car c’est devant le tribunal administratif que délégataire et commune s’affrontent désormais pour cette ardoise de plus de 250 000 euros réclamée par Destination montagne.
En attendant, la commune de Puyvalador, qui n’a pas répondu à nos sollicitations, pourrait-elle envisager de continuer à faire cavalier seul pour exploiter sa station ? Non, estime la Cour des comptes qui recommande de « rechercher auprès des partenaires institutionnels du territoire une alliance stratégique ». Comme par exemple une possible entrée au capital de la SPL Trio qui exploite les stations Porté-Puymorens, Formiguères et Cambre d’Aze mentionnée par le maire de la commune, Daniel Marin. Une possibilité que le conseil départemental des Pyrénées-Orientales, actionnaire majoritaire de Trio, n’envisage toutefois pas « pour l’heure », indique la collectivité au Parisien-Aujourd’hui en France, l’objectif actuel étant « d’abord de stabiliser l’activité sur les trois stations existantes ».