La vague de protestations des agriculteurs ne faiblit pas en Europe. En Pologne, des agriculteurs ont bloqué, mardi 20 février, une centaine de routes et de points de passage frontaliers avec l’Ukraine pour dénoncer notamment les importations agroalimentaires ukrainiennes jugées « incontrôlées ».
Des dizaines de tracteurs ont afflué à Ryki, à 100 kilomètres au sud-est de Varsovie, d’où ils sont partis bloquer la voie rapide S17 menant vers la ville de Lublin et plus loin vers la frontière avec l’Ukraine. Les agriculteurs ont arboré sur leurs véhicules des drapeaux blanc et rouge de la Pologne, avec des pancartes clamant : « Stop à l’afflux incontrôlé de marchandises ukrainiennes » ou « L’agriculture se meurt petit à petit ». Certains d’entre eux ont ouvert deux wagons ukrainiens et déversé des céréales sur le sol. La compagnie publique ukrainienne des chemins de fer, Ukrzaliznytsia, s’est déclarée mardi « indignée » par ces nouvelles actions et « appelle à la fin de ces actions illégales ».
Dans la foulée de l’invasion de la Russie en Ukraine, en février 2022, l’importation de produits ukrainiens avait été favorisée par l’Union européenne (UE), entraînant une « concurrence déloyale », selon les agriculteurs européens. Pour répondre à cette colère, la Commission européenne a proposé fin janvier de reconduire à partir de juin l’exemption de droits de douane dont bénéficient les produits agricoles entrant dans l’UE, tout en l’assortissant de « mesures de sauvegarde » pour limiter les volumes des produits les plus sensibles.
Début février, des agriculteurs polonais avaient été jusqu’à bloquer un camion provenant d’Ukraine avant de déverser sur la route sa cargaison de céréales destinées à l’UE. Une action qui avait entraîné l’ouverture d’une enquête par le parquet polonais et les critiques du gouvernement ukrainien. « Les agriculteurs ukrainiens travaillent sous les bombardements constants de l’ennemi et subissent d’énormes pertes. Ils paient leurs récoltes très cher, parfois avec leur vie », avait déploré le ministère de la politique agraire ukrainien.
Lundi, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a estimé que le blocus de la frontière polonaise par des camionneurs et des agriculteurs polonais témoignait de « l’érosion de la solidarité » envers son pays.
Des centaines d’agriculteurs grecs vers Athènes
En parallèle du mouvement polonais, la mobilisation se poursuit aussi en Grèce, où des centaines d’agriculteurs convergent vers Athènes, mardi, pour réclamer une hausse des aides financières au secteur. Escortés par la police, ils espèrent rallier en fin d’après-midi le centre d’Athènes et stationner devant le Parlement.
La majorité des agriculteurs des régions agricoles de la Grèce continentale mais aussi de Crète (Sud) doivent arriver en autocar, a fait savoir la police auprès de l’Agence France-Presse (AFP). Celle-ci a pris des mesures spéciales dans le centre d’Athènes, qui devrait en partie être bouclé à la circulation.
Le mécontentement des agriculteurs est alimenté par la lenteur des indemnisations après les feux et les inondations dévastatrices de l’année dernière en Thessalie, plaine principale de la production agricole du pays. Ils réclament aussi un contrôle des importations, une réduction des taxes sur les carburants, de meilleurs prix pour leurs produits et un assouplissement des réglementations environnementales de l’UE.
Après leur avoir versé entre 2 000 euros et 4 000 euros l’année dernière, le gouvernement conservateur a promis une aide supplémentaire de 5 000 à 10 000 euros cette année. L’exécutif grec a aussi proposé de réduire les factures d’énergie des agriculteurs au cours des dix prochaines années et de ramener la TVA sur les engrais et les aliments pour animaux de 13 % à 6 %. La Fédération des agriculteurs avait affirmé ne pas être « satisfaite des mesures supplémentaires annoncées par le gouvernement ».
Le premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, qui avait rencontré la semaine dernière les représentants des syndicats professionnels, a appelé lundi les agriculteurs à causer « le moins de perturbations possible », estimant que son gouvernement n’avait « rien de plus à donner » aux agriculteurs.