Le chantier pour de futurs réacteurs nucléaires en France n’a pas encore commencé. Mais le spectre des retards revient déjà hanter EDF, alors même que l’EPR (réacteur pressurisé européen) de Flamanville (Manche) attend encore et toujours sa mise en service.
Selon le journal Les Echos du 20 février, l’électricien prévoyait de finaliser, dès l’automne 2023, les études pour la conception générale (basic design) de six réacteurs pressurisés européens, dits « EPR 2 », prévus pour les centrales déjà existantes de Penly (Seine-Maritime), de Gravelines (Nord) et du Bugey (Ain).
Finalement, il faudra encore patienter jusqu’à l’été, avant même d’entrer dans la conception détaillée (detailed design). « Une attitude de lucidité », selon Joël Barre, délégué interministériel au nouveau nucléaire. « Il y a encore du travail d’ingénierie à réaliser », a-t-il déclaré aux Echos. Ce qu’avait déjà reconnu Xavier Ursat, directeur exécutif d’EDF, dans une audition au Sénat, le 8 février.
« Une volonté politique hors-sol »
Contactée par Le Monde, l’entreprise publique ne précise pas dans quelle mesure ce retard aura un impact sur le calendrier du chantier à proprement parler. Des travaux préparatoires (défrichement du terrain, aménagement de la falaise) sont censés démarrer à Penly à l’été, sous réserve de l’obtention d’autorisations administratives. Le gouvernement espère le coulage d’un premier béton dès 2027, année de la fin du quinquennat, pour une mise en service idéalement à compter de 2035.
Selon l’organisation antinucléaire Greenpeace, le contretemps déjà observé « illustre le manque de planification flagrant d’EDF par rapport à ses ressources disponibles pour mener à bien une hypothétique relance du nucléaire ». C’est « la preuve que la relance de l’industrie nucléaire est portée par une volonté politique hors-sol, déconnectée de toute réalité industrielle et administrative », considère le réseau associatif Sortir du nucléaire.
EDF prévoit de réactualiser, d’ici à la fin de l’année, les coûts pour la construction de six EPR 2, d’ici à 2050. Ce sur quoi l’Elysée comptait déjà pour 2023. Selon M. Ursat, la nouvelle estimation dépassera les 51,7 milliards d’euros mentionnés jusqu’à présent par le gouvernement. Cet ordre de grandeur initial résultait de deux audits externes de 2019 et de 2021. Depuis, l’inflation est passée par là.
« Optimisation des coûts et du planning »
En décembre 2020, le conseil d’administration d’EDF donnait déjà son aval à un investissement de 1 milliard d’euros jusqu’en 2022 pour la poursuite du projet. Environ 600 000 euros ont par la suite été ajoutés en complément.
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