Vingt-six ans après leur dernière mobilisation, les viticulteurs charentais « en colère » ont battu le pavé ce mardi à Cognac. Près de 1 200 personnes et des dizaines de tracteurs ont convergé vers la sous-préfecture, entraînant dans leur sillage des représentants de toute la filière — tonneliers, chaudronniers, etc. — comme des élus de Charente et de Charente-Maritime.
Leur crainte ? Que la Chine impose de nouvelles taxes sur les eaux-de-vie de cognac, à hauteur de 34,8 %. Une mesure de rétorsion envisagée contre l’Union européenne en plein bras de fer sur les véhicules électriques.
« Un premier coup de semonce »
L’ennui, c’est que le géant asiatique absorbe à lui seul le quart des exportations de cognac. Déjà englués dans une crise des exportations vers les États-Unis et des ventes (-30 % depuis 2022), les viticulteurs redoutent d’être « sacrifiés » dans cette bataille commerciale. « Nous sommes déjà affaiblis, nous ne pourrons gérer deux crises simultanément », résume Julien Massé, un viticulteur de 37 ans. « Les taxes chinoises vont nous enfoncer encore plus. Ça risque d’hypothéquer notre avenir », assure Élodie Bouyer, 34 ans, accompagnée de son père, Philippe.
Conçue comme « un premier coup de semonce », cette mobilisation pourrait « se durcir après les vendanges » si les menaces de taxation chinoises continuent de planer sur le vignoble, prévient l’Union générale des viticulteurs pour l’AOC Cognac (UGVC). Les viticulteurs, qui ne réclament « aucune aide financière », n’ont qu’une exigence : « Rencontrer le Premier ministre ! » Selon l’UGVC, une entrevue avec Michel Barnier « a été actée au plus vite » à l’issue de la manifestation.