Au lendemain d’un vote historique, le désormais ex-Premier ministre, Michel Barnier, devait présenter sa démission à Emmanuel Macron, ce jeudi 5 décembre. Le chef de l’État doit désormais choisir un nouveau Premier ministre, alors qu’aucun groupe ne détient la majorité, même relative, à l’Assemblée nationale.
Mercredi, les députés de la gauche et du Rassemblement national ont conjointement adopté une motion de censure à l’Assemblée. 331 députés ont voté la motion déposée par la gauche – 288 voix étaient nécessaires – en réponse au 49.3 du Premier ministre pour faire passer sans vote le projet de budget de la Sécurité sociale.
La crise politique ouverte avec la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin a franchi un cap inédit avec la chute de Michel Barnier. Pour la première fois depuis 1962, un Premier ministre a été renversé par l’Assemblée nationale après qu’il a engagé sa responsabilité.
Un nouveau Premier ministre, mais quelle majorité ?
Emmanuel Macron doit désormais s’atteler à trouver un successeur capable de rassembler une majorité éclatée et de maintenir le fragile équilibre des forces à l’Assemblée nationale. Les noms du président du MoDem François Bayrou, du ministre des Armées Sébastien Lecornu, du LR Xavier Bertrand, de l’ex-Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve ou du maire de Troyes François Baroin circulent. Le très droitier ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, jugé parfois proche des idées du RN, ou le macroniste historique Roland Lescure, associé à la branche sociale-démocrate de Renaissance, font également l’objet de supputations.
Quel qu’il soit, le futur Premier ministre – et son gouvernement – devra veiller à soigner les groupes politiques à l’Assemblée nationale, auquel cas il pourrait se retrouver renversé. Notre simulateur ci-dessous permet, en cochant groupe par groupe, de se donner une idée des forces en présence dans l’hémicycle.
L’édifice semble déjà fragile. Laurent Wauquiez, le patron des Républicains, a d’ores et déjà fait savoir que l’engagement de son parti en septembre dans la coalition gouvernementale « ne valait que pour Michel Barnier », même si, selon lui, Les Républicains ne « feront pas tomber » le prochain gouvernement même s’ils décidaient de ne pas y participer. Gabriel Attal, lui, a proposé un accord de « non-censure » avec le PS pour échapper à la tutelle du RN.
La cheffe des députés de La France insoumise, Mathilde Panot, a prévenu jeudi sur LCI que la formation de gauche radicale censurerait « bien sûr » à l’Assemblée nationale tout Premier ministre qui n’est pas issu du Nouveau Front populaire. Y compris la figure de centre gauche Bernard Cazeneuve donc.
Marine Le Pen, elle, estime que « la pression » à son endroit « sera évidemment de plus en plus forte » si « on ne prend pas la voix du respect des électeurs ». Elle a aussi assuré mercredi qu’elle et les siens « laisseront travailler » le futur Premier ministre, afin de « co-construire » un budget « acceptable pour tous ». Mais les lignes rouges du RN, incluant la réindexation des retraites sur l’inflation, « ne bougeront pas », a prévenu le député Jean-Philippe Tanguy.