Cela faisait des semaines que les équipes de Bercy préparaient le terrain. Mais l’exécutif tergiversait, dans l’attente d’un moment sinon politiquement propice, du moins relativement pacifié pour annoncer ce qui s’apparente à une mauvaise nouvelle : l’économie française montre des signes de faiblesse. Bruno Le Maire, le ministre de l’économie, a finalement choisi le milieu des vacances d’hiver pour cette opération vérité sur l’état de l’économie française, en s’invitant au 20 heures de TF1 dimanche 18 février. « La croissance ralentit partout dans le monde, notamment en Europe, avec une révision de croissance significative en Grande-Bretagne et en Allemagne, a expliqué le numéro deux du gouvernement. Et elle ralentit encore davantage en Chine. Tout cela a un impact sur la croissance française. Je réviserai donc la croissance française de 1,4 à 1 % en 2024. »
Une révision qui va nécessiter 10 milliards d’euros d’économies supplémentaires dès cette année et pourrait justifier un passage devant le Parlement, après les élections européennes, pour présenter un budget rectificatif « en fonction de la conjoncture et notamment le niveau des taux d’intérêt, et de la situation géopolitique », a-t-il précisé. En l’absence de texte législatif, le gouvernement ne peut pas réduire la dépense au-delà de 10 milliards d’euros par la voie réglementaire, même si celle-ci offre l’avantage de la rapidité.
Les prévisions de Bercy pour 2024, qui dataient de l’automne, semblaient de plus en plus décalées avec celles des organisations internationales, lesquelles tablaient presque toutes sur une croissance du PIB inférieure à 1 % pour la France cette année, contre 1,4 % dans les documents budgétaires. Bercy a toutefois veillé à ce que la correction fasse apparaître une légère amélioration par rapport à 2023. L’an dernier, le PIB a en effet crû de 0,9 % selon l’Insee.
« La croissance française résiste mieux que les autres grands pays développés », a insisté Bruno Le Maire, rappelant que la France n’était « pas passée par la case récession en 2023 », contrairement à certains de ses grands voisins comme l’Allemagne et le Royaume-Uni, auxquels elle est le plus souvent comparée. « Nous estimons que la croissance en 2024 sera supérieure à celle de 2023, a-t-il poursuivi. Notamment grâce aux mesures de simplification de la vie des entreprises, et les réformes de structure qui ont été annoncées. »
Les nouvelles dépenses se sont multipliées
Ces mesures visent aussi à rassurer les agences de notation, qui se pencheront de nouveau sur la qualité de la signature française en avril. L’objectif d’un déficit public ramené de 4,9 % en 2023, à 4,4 % en 2024, est ainsi confirmé. Mais les 16 milliards d’euros d’économies prévues dans le budget 2024, adopté en fin d’année dernière, et issues pour l’essentiel de l’arrêt de dispositifs de crise, ne suffiront pas. D’autant que les nouvelles dépenses se sont multipliées ces derniers jours, avec notamment 400 millions d’euros pour les agriculteurs, et jusqu’à 3 milliards d’euros d’aide pour l’Ukraine.
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