Le gouverneur républicain de l’Ohio, Mike DeWine, a promulgué jeudi une loi interdisant aux élèves et aux étudiants transgenres d’utiliser les sanitaires de leurs établissements. La loi exige que les élèves des écoles primaires et secondaires de l’État, ainsi que des collèges et universités, utilisent les toilettes, les vestiaires ou les douches des vestiaires correspondant au sexe qui leur a été attribué à la naissance, et non celui dans lequel leur identité se forge. L’Ohio, État emblématique du Midwest des États-Unis, devient le 15e État américain à refuser, par des moyens détournés, d’admettre qu’on puisse ne pas se reconnaître dans son sexe de naissance, sans souhaiter pour autant subir des interventions chirurgicales de changement de sexe.
Le projet de loi stipule que le « sexe biologique » est « l’indication biologique du sexe masculin et féminin, y compris les chromosomes sexuels, les hormones sexuelles naturelles, les gonades et les organes génitaux internes et externes non ambigus présents à la naissance, sans tenir compte de l’expérience psychologique, choisie ou subjective du genre d’un individu ». Et qu’un certificat de naissance valable pour prouver le sexe d’une personne est celui qui a été « délivré au moment ou à peu près au moment de la naissance de la personne ».
Le projet, ironiquement intitulé « Loi pour la protection de tous les étudiants »
Les partisans de cette interdiction affirment qu’elle apaise les craintes concernant la vie privée et la protection des jeunes. Les détracteurs du projet de loi affirment qu’il suscite des craintes infondées à l’égard des étudiants transgenres et qu’il risque au contraire de les exposer à des risques de discrimination ou de violence. « Elle privilégie la rhétorique fondée sur la peur au détriment des faits, car rien ne prouve que les politiques de toilettes inclusives constituent une menace pour la sécurité publique. Au contraire, cette loi marginalisera et portera encore plus préjudice à une communauté déjà vulnérable », s’est inquiété le Centre communautaire LGBT du Grand Cleveland.
Avant l’Ohio, quatorze États conservateurs ont interdit aux personnes transgenres d’utiliser les toilettes correspondant à leur identité de genre, selon la carte d’Human Rights Campaign. Le projet de loi SB 104, intitulé ironiquement « Loi pour la protection de tous les étudiants », précise qu’elle n’empêche pas les écoles de construire des locaux réservés à une seule personne. Il a déjà reçu le soutien du Sénat de l’Ohio, par 24 voix contre 7. Selon le média local The Buckeye Flame, il entrera en vigueur dans 90 jours.
L’accès aux toilettes pour les personnes transgenres, les soins de santé, la participation aux sports et bien d’autres sujets, ont été au cœur des préoccupations des législateurs républicains américains ces dernières années, en plus des contraintes strictes qu’ils ont posées à l’avortement. Après une année 2023 déjà très marquée par ces questions, des centaines de projets de loi anti-LGBTQ ont été déposées devant les Parlements étatiques en 2024, tous recensés par l’American Civil Liberties Union. Dans l’Ohio, une loi, très contestée en justice, souhaitait interdire les soins médicaux de confirmation de genre pour les jeunes transgenres, ainsi que priver les femmes et les filles trans de participer à des activités sportives conformes à leur identité sexuelle. Le gouverneur DeWine avait mis son veto à ce projet de loi.
Il y a quelques jours à peine, une représentante républicaine a présenté un texte pour empêcher la première personne transgenre élue au Congrès américain, Sarah McBride, d’accéder aux toilettes pour femmes du Capitole.