Faut-il y voir un début de polémique ? Alors que le gouvernement a annoncé ce mardi que les drapeaux seraient mis en berne en France samedi, jour des obsèques du pape François, Alexis Corbière (l’Après, ex-LFI) ne comprend pas.
« Je suis en total désaccord, car la laïcité a des principes. Il est normal que le chef de l’État ait rendu hommage au pape. Mais nous n’avons pas à marquer une forme de laïcité à géométrie variable, c’est-à-dire que quand une autorité religieuse meurt, on met des drapeaux en berne, mais on ne le fait pas pour d’autres cultes », s’est indigné le député de Seine-Saint-Denis sur franceinfo ce mardi soir.
Là où la porte-parole du gouvernement Sophie Primas a mis en avant ce mercredi matin sur TF 1 « la place politique et diplomatique qui n’était pas neutre » du pape François, qui était « un chef d’État », Alexis Corbière estimait mardi soir que l’on « joue sur les mots ». « Chaque fois qu’un chef d’État disparaît dans le monde, on ne met pas les drapeaux en berne. Le pape François était une autorité spirituelle, religieuse », a déclaré le parlementaire.
« L’État chez lui, l’Église chez elle »
Ce dernier s’est également dit opposé à la présence du président de la République Emmanuel Macron lors des obsèques samedi. « Nous n’avons pas à participer en tant qu’élu à une cérémonie religieuse et la France, en tant que République laïque, n’a pas à être en berne quand une autorité religieuse s’éteint, sinon c’est un principe à géométrie variable (…) nous avons à être neutre vis-à-vis du culte. »
Un point de vue notamment partagé par le sénateur communiste des Hauts-de-Seine Pierre Ouzoulias, qui parle sur le réseau social X d’une décision « honteuse pour notre République laïque ». « Quoi qu’on pense du pape François, la République n’a pas à rendre hommage au chef de l’Église catholique. L’État chez lui, l’Église chez elle », a embrayé le député La France insoumise (LFI) de Loire-Atlantique Matthias Tavel.
En face, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau – en charge des cultes en France et qui se rendra aux obsèques du pape aux côtés de son collègue des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot – y voit « une très bonne chose ». « L’émotion est mondiale, c’est une figure universelle. Nous avons bien mis les drapeaux en berne pour la reine d’Angleterre », a déclaré l’ancien chef des sénateurs Les Républicains (LR), en mettant en avant la « marque chrétienne importante » en France.
Barnier pour la mise en berne, un virage à 180° pour Bayrou
L’ancien Premier ministre Michel Barnier a, lui, déclaré ce mercredi matin sur France 2 qu’il aurait pris la même décision. « Dans un moment comme celui-là, il n’y a pas de place pour les polémiques. On reste laïques et attachés à la laïcité, mais on doit respecter l’émotion que l’on doit à cet homme qui est un homme de bien qui avait aussi une parole comme chef d’État », a ajouté l’ancien locataire de Matignon.
🔴 Drapeaux en berne pour la mort du pape :
🗣️”Dans un moment comme celui-là, il n’y a pas de place pour les polémiques. On doit partager l’émotion et le respect que l’on doit à cet homme” déclare @MichelBarnier, ancien Premier ministre. #Les4V pic.twitter.com/gS0dNkffJq
— Telematin (@telematin) April 23, 2025
« Appeler à un deuil national aurait posé problème », a déclaré pour sa part le maire de Cannes et président de l’association des maires de France David Lisnard sur Europe 1 et CNEWS. Mais pour lui, placer les drapeaux en berne « le jour des obsèques avec la présence du président de la République ne pose aucun problème pour la laïcité ».
Pour sa part François Bayrou ne se rendra pas à Rome samedi. Mais en 2005, lors de la disparition du pape Jean-Paul II, l’actuel chef du gouvernement s’était opposé à la mise en berne des drapeaux. Pour lui, cela ne correspondait « pas à la distinction qu’il faut faire entre convictions spirituelles et choix politiques et nationaux », comme le rapporte un article de l’époque du journal Le Monde.
« Je n’aurais certainement pas pris une telle décision », avait-il alors déclaré, fustigeant le choix du Premier ministre de l’époque Jean-Pierre Raffarin. Ce dernier s’était alors justifié en parlant d’hommage normal à un chef d’État. Comme le fait aujourd’hui le gouvernement.