December 23, 2024
Life Style

Tinder publie un nuancier de l’amour pour aider à détecter les comportements toxiques


« Ça commence mal. » C’est ce que s’était dit Jade, 22 ans, lors d’un de ses derniers rendez-vous Tinder. Utilisatrice, « à l’occasion », de l’application de rencontres, elle reconnaît que certaines phrases ou sujets évoqués par son partenaire ont le pouvoir de parapher la fin de l’aventure. « Pour moi, il y a des signes évidents que le mec a une attitude problématique. Récemment, j’en ai rencontré un qui me parlait de son ex en la qualifiant de folle. Pour moi, c’est un red flag direct (qu’on peut traduire par mauvais signal) », tranche l’étudiante.

Pourquoi ? « C’est l’excuse classique pour expliquer une rupture sans se remettre en question. Quand j’entends ça, moi, je me demande ce qu’il a bien pu faire pour mettre une femme dans une situation de détresse. J’ai un radar », ironise-t-elle. Mais pour celles qui n’en auraient pas, Tinder et la Fédération nationale solidarité femmes (FNSF) ont élaboré un baromètre pour aider les 18-24 ans à détecter les comportements toxiques, dès les premiers échanges : le nuancier de l’amour.

« Ton date te rabaisse » : le red flag numéro 1

Accessible sur l’appli de rencontres ainsi que sur les réseaux sociaux de l’association, le nuancier, illustré par la dessinatrice Margaux Motin, a été établi à partir d’une étude Ifop. Il classe les signaux qui peuvent être prometteurs (verts) ou la marque d’une incompatibilité (beige), jusqu’au fameux drapeau rouge vif qui doit alerter.

Ce guide rappelle également l’existence du 3919, la ligne d’écoute nationale destinée aux femmes victimes de violences, portée par la FNSF. 70 % de leurs appelantes pointent le commencement des violences à un stade précoce de la relation, d’où la nécessité d’identifier les premiers signaux.

Pour les 18-24 ans, le principal « feu vert » mis en avant est : « Ton date (rencard) s’intéresse à toi, retient ce que tu lui dis et t’écoute vraiment » (63 %). A contrario, « Ton date te rabaisse ou rabaisse les autres (70 %) » est le red flag numéro 1. Pour Anaïca, 20 ans, c’est une question particulière qui la fait fuir : « C’est quoi ton body count ? Autrement dit, avec combien d’hommes as-tu couché ? traduit la jeune femme. Qu’est-ce qu’il va faire de ce chiffre ? Me coller une étiquette bien sûr. Si c’est trop élevé pour lui, il va se dire : OK, je n’ai pas besoin de la respecter, c’est une p… » Cette question est-elle récurrente ? « Oui, souvent lors des échanges sur l’appli. Je n’y réponds jamais et j’arrête là les discussions », informe-t-elle.

« Il m’avait demandé si j’avais beaucoup d’amis hommes »

L’étude Ifop qui a servi de base au nuancier révèle également un décalage frappant entre jeunes femmes et hommes. L’égalité des genres, essentielle aux yeux de 50 % des femmes, contre seulement 36 % des hommes. Quant au consentement, le constat est similaire : si 47 % des femmes estiment que le fait de demander le consentement avant d’embrasser est un green flag (bon signal) très important, ce n’est le cas que pour 31 % des jeunes hommes qui placent cet item en dernier de la liste.

« Je me souviens d’un mec qui m’avait demandé si j’avais beaucoup d’amis hommes. Il estimait qu’en couple, une femme n’avait pas à en avoir et devait se consacrer entièrement à son compagnon. Cela m’avait glacé, ça sentait le manipulateur à plein nez, analyse Chiara, 24 ans. En ligne, il avait l’air pourtant très bien : intéressé, à l’écoute, cultivé… »

Selon la dernière étude de Médiamétrie sur « l’année Internet 2023 », sur les 2,3 millions de visiteurs uniques quotidiens enregistrés l’année dernière par ces sites et applis de rencontre (Tinder, Grindr, Meetic, Happn, Fruitz…), on comptait 1,6 million d’hommes et 700 000 femmes.

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