Dans un contexte normal, l’examen du projet de loi de finances (PLF) est l’occasion de voir quels députés sont dans la majorité et lesquels sont dans l’opposition. Les premiers votent normalement en faveur du budget proposé par le gouvernement et les seconds contre. Mais le contexte politique n’a rien de normal. Et l’examen du volet recettes du PLF 2025 par la commission des Finances de l’Assemblée nationale en est la parfaite illustration.
Ce samedi, ses députés ont majoritairement rejeté le texte, notamment les groupes qui composent le « socle commun » (camp présidentiel et droite) sur lequel doit s’appuyer le gouvernement de Michel Barnier. Un rejet sans conséquence à ce stade, puisque le débat dans l’hémicycle la semaine prochaine repartira de la version initiale proposée par le gouvernement.
Un texte très largement réécrit en commission
Seuls les groupes de gauche, donc l’opposition, ont voté en commission en faveur d’un texte très largement réécrit via l’adoption de plus de 200 amendements modifiant la philosophie du projet de loi. Selon le président (LFI) de la commission des Finances Éric Coquerel, ce sont ainsi 60 milliards d’euros environ de recettes fiscales supplémentaires par rapport au texte initial qui avaient été ajoutés par les députés : fiscalité sur les super profits, sur les super dividendes, renforcement de la taxe sur les rachats d’action, doublement de la contribution exceptionnelle des grandes entreprises de transport maritime…. Un « effort uniquement sur les plus aisés, les revenus du capital et les superprofits des grandes entreprises au profit des classes moyennes et populaires », se félicite Éric Coquerel.
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Un « matraquage fiscal » qui « toucherait tous les Français, leurs économies de toutes une vie, comme nos PME familiales », dénonce au contraire sur X le ministre du Budget et des Comptes publics, Laurent Saint-Martin.
Un « concours Lépine des taxes et impôts portés par le NFP et soutenus par le RN », regrette pour sa part la députée Véronique Louwagie, la « madame budget » des Républicains. Le RN a pourtant lui aussi rejeté le texte en commission. « Il n’est pas à une incohérence près », attaque le marcheur Mathieu Lefèvre qui accuse « l’extrême droite d’avoir proposé avec la gauche une bombe fiscale » au cours des débats.
« Ce gouvernement Barnier veut se donner le beau rôle alors qu’ils nous conduisent à la crise budgétaire », cingle sur le réseau X le député (RN) Jean-Philippe Tanguy qui regrette que les soutiens du Premier ministre « n’aient accepté aucune négociation, aucun dialogue, aucun compromis » avec le groupe de Marine Le Pen. « Ce qui s’est passé est ce que le Parlement peut faire de pire, j’espère que peu de Français nous ont regardés… » conclut, dépité, un membre de la commission des Finances.