Sciences-po Paris de nouveau le théâtre d’une mobilisation propalestinienne. La police est intervenue mercredi matin devant les locaux du prestigieux établissement parisien d’études politiques, bloqués brièvement par une centaine d’étudiants qui manifestaient « en soutien au peuple palestinien », a constaté l’AFP.
Depuis 7h30, des manifestants avaient bloqué l’accès à l’établissement avec un amas de poubelles, vélos et trottinettes. Sur une banderole, attachée aux grilles d’une fenêtre de l’école, se détachaient les mots « ni oubli, ni pardon ». Un grand drapeau palestinien a également été étendu dans la rue, devant l’entrée de l’école située rue Saint-Guillaume dans le VIIe arrondissement de Paris, a constaté une journaliste de l’AFP. L’accès à l’école a été débloqué peu avant 9 heures après l’intervention de la police, dans le calme.
« Que ces massacres stoppent »
« Nous ne pouvons rester silencieux face aux atrocités commises à Gaza », a déclaré au mégaphone un représentant du comité Palestine de Sciences-po, qui a souhaité garder l’anonymat. « Depuis un an, je vois des images de violence horribles. Je veux que le monde entende parler de la Palestine et que ces massacres stoppent », a expliqué à l’AFP Alice, étudiante à Sciences-po Paris, syndiquée à l’Union étudiante. Selon elle, « il était important d’être là aujourd’hui pour montrer que la lutte continue ».
Un autre rassemblement propalestinien à l’appel de syndicats étudiants est prévu mercredi à partir de 18 heures place de la Sorbonne, toujours à Paris. Mardi, quelques petits rassemblements avaient déjà eu lieu devant Sciences-po à Paris ou Lille. À Menton, devant un autre établissement Sciences-po, des inscriptions avaient été découvertes (dont « Free Palestine, Free Lebanon ») et ont donné lieu à une plainte de la direction.
Le nouveau directeur de Sciences-po Paris Luis Vassy, qui a pris ses fonctions la semaine passée, a aussi saisi la justice, avait indiqué l’établissement samedi, suite à de récentes manifestations en soutien à Gaza qui s’étaient tenues quelques jours dans l’établissement. Il ciblait notamment Hicham Touili-Idrissi, un collaborateur de la députée insoumise Rima Hassan au Parlement européen et membre du comité Palestine de l’établissement de la rue Saint-Guillaume.
« Maintien de l’ordre »
Le nouveau ministre de l’Enseignement supérieur, Patrick Hetzel, avait évoqué dans un communiqué vendredi des « manifestations et prises de position de nature politique » à l’intérieur de « plusieurs établissements », dont Sciences-po Paris, des « actions » qu’il a « condamn (ées) fermement », estiment qu’elles allaient « à l’encontre des principes de neutralité et de laïcité du service public de l’enseignement supérieur ».
Il a aussi mis en garde les présidents d’université sur leur responsabilité dans le « maintien de l’ordre » avant l’anniversaire de l’attaque du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, via une circulaire qui leur a été transmise.
Le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon a appelé à brandir des drapeaux palestiniens et libanais dans les universités en réaction à cette circulaire. « Les étudiants à l’université sont des citoyens majeurs qui ont une liberté d’expression, qui ont un droit de pouvoir exprimer, y compris une forme de solidarité et de compassion avec des causes au niveau international », a défendu mardi le coordinateur de LFI Manuel Bompard, sur BFMTV.
Sciences-po avait déjà été au printemps le théâtre de plusieurs mobilisations propalestiniennes ayant entraîné des interventions de la police, dans un climat politique électrique. L’établissement avait annoncé à la rentrée souhaiter « mieux former » ses étudiants sur le conflit israélo-palestinien.