« Aujourd’hui, à Kaboul, une chatte a plus de liberté qu’une femme. Une chatte peut s’asseoir sur son perron et sentir le soleil sur son visage, elle peut courir après un écureuil dans le parc », a déclaré Meryl Streep.
Invitée à prendre la parole ce lundi 23 septembre, lors d’une manifestation de sensibilisation aux droits des femmes afghanes organisée au siège de l’ONU à New York, l’actrice américaine a dénoncé leur condition. Les Afghanes voient en effet leurs libertés constamment diminuer depuis le retour des talibans au pouvoir.
« Un oiseau peut chanter, mais une fille ne peut pas le faire en public »
« Un écureuil a plus de droits qu’une fille en Afghanistan aujourd’hui parce que les parcs publics ont été fermés aux femmes et aux filles par les talibans. Un oiseau peut chanter à Kaboul, mais une fille ne peut pas le faire en public. C’est extraordinaire. Il s’agit d’une suppression de la loi naturelle », a poursuivi Meryl Streep. « La façon dont cette culture, cette société a été bouleversée, est un avertissement pour le reste du monde », a-t-elle aussi déclaré en enjoignant les dirigeants du monde à « mettre fin à la lente asphyxie » des femmes et des jeunes filles afghanes.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui participait au même événement, a déclaré que l’Afghanistan « ne prendra jamais la place qui lui revient sur la scène mondiale » sans femmes éduquées et sans femmes actives.
« Nous les respectons dans leur rôle de mère, de sœur et d’épouse »
En réponse aux remarques de Meryl Streep, Suhail Shaheen, porte-parole des talibans, a déclaré à la BBC, à propos des Afghanes : « Nous les respectons profondément dans leur rôle de mère, de sœur et d’épouse. Elles sont un élément essentiel de la famille et de la société, mais nous ne les comparons jamais à des chats ».
Les pays occidentaux, au premier rang desquels les États-Unis et l’Union européenne, ont condamné les nouvelles lois instaurées par les talibans, mais ces derniers les ont défendues en affirmant qu’elles étaient conformes à la charia islamique.
Interdiction de parler et chanter
Le mois dernier, le gouvernement taliban a introduit une nouvelle série de « lois morales », qui stipulent notamment que les femmes doivent désormais garder le silence en public. Elles ont donc l’interdiction de parler ou de chanter. Les Afghanes ne sont pas non plus autorisées à regarder directement les hommes auxquels elles ne sont pas liées par le sang ou le mariage.
Ces mesures s’ajoutent à une longue liste de restrictions que le régime a imposées aux femmes et aux jeunes filles depuis son retour au pouvoir, il y a trois ans : les femmes doivent ainsi se couvrir entièrement le visage et le corps lorsqu’elles quittent leur domicile. Elles n’ont pas non plus le droit de se rendre dans les écoles, les parcs, les gymnases et les clubs de sport, et les professions qu’elles peuvent exercer son strictement encadrées. Enfin, pour aller au travail notamment, elles doivent être accompagnées par un homme.