C’est fait. Le Premier ministre démissionnaire Gabriel Attal a transmis jeudi le flambeau à son successeur, Michel Barnier, lors de la cérémonie de passation de pouvoirs à Matignon.
Prenant la parole en premier, Gabriel Attal a salué son successeur, « un grand élu local », dont il a salué « l’expérience quasiment inégalée au service de l’État dans différentes fonctions ». Il a ensuite remercié le président de la République Emmanuel Macron pour « la confiance qu’il (lui) a accordée il y a huit mois ». « Être Premier ministre, c’est l’honneur d’une vie », a-t-il estimé. « Je veux dire aux Français combien je les aime, parce que les Français sont un grand peuple », a aussi assuré Gabriel Attal.
« Huit mois c’est court, c’est trop court », a poursuivi le désormais ex-Premier ministre, évoquant sa « frustration ». « Dans d’autres circonstances, nous aurions mené ce travail à bon port », a ajouté Gabriel Attal, qui avait présenté sa démission à la suite des élections législatives, provoquées par le choix du président de dissoudre l’Assemblée nationale. L’ancien ministre de l’Éducation nationale a aussi appelé son successeur à « continuer à faire de l’école de la République une priorité absolue ».
« Notre pays connaît une situation politique inédite : la politique française est malade, mais la guérison est possible », a insisté Gabriel Attal, appelant à « sortir du sectarisme ». Mais « il y a au moins autant de raisons d’espérer que de douter, il y en a même plus », a-t-il cependant estimé. Il a terminé son discours en remerciant les membres du gouvernement « qui ont forgé une véritable amitié », les parlementaires, ainsi que sa famille. « Françaises, français n’oubliez jamais votre vocation de grandeur (…) parce que nous sommes la France et rien n’est impossible », a-t-il conclu sa prise de parole.
« Un moment grave »
Le nouveau Premier ministre Michel Barnier a enchaîné, en assurant qu’il allait reprendre des projets laissés en suspens par le précédent gouvernement, « en y ajoutant sa propre valeur ajoutée ». « Nous sommes dans un moment grave », a-t-il poursuivi, disant aborder cette nouvelle page « avec beaucoup d’humilité », « une forme olympique », et de la « détermination ».
Il a déclaré que les grandes priorités de son gouvernement, qui seront énoncées lors de son discours de politique générale, viseront à « répondre aux défis, aux colères, aux souffrances (…) qui traversent beaucoup trop nos villes, nos quartiers et nos campagnes », liées selon lui à l’accès aux services publics, à la sécurité, à la maîtrise de l’immigration, et à l’école, qui « restera bien la priorité ».
« Je pense qu’on attend d’un Premier ministre qu’il dise la vérité, même si elle est difficile », notamment sur « la dette financière et écologique », a également déclaré le nouveau locataire de Matignon. « Il faudra dire la vérité, et je dirai la vérité », a-t-il assuré.
Le Premier ministre a ensuite demandé « du respect à l’égard de toutes les forces politiques qui sont représentées au Parlement », mais aussi vis-à-vis « des partenaires sociaux et économiques » et des « élus locaux ». « Nous allons davantage agir que parler, pour trouver les solutions qui marchent (…) avec toutes celles et tous ceux de bonne volonté », a-t-il poursuivi. « Au travail ! », a lancé Michel Barnier en conclusion.
Ancien ministre et commissaire européen de droite Michel Barnier a été nommé jeudi Premier ministre par Emmanuel Macron, 60 jours après le second tour des législatives qui ont débouché sur une Assemblée nationale sans majorité. Ce choix a suscité l’ire de la gauche mais une réaction plus attentiste du RN. Le nouveau Premier ministre, qui sera soutenu par le camp présidentiel et les LR, va devoir tenter de former un gouvernement susceptible de survivre à une censure, pour mettre fin à la plus grave crise politique depuis 1958.
Son prédécesseur, Gabriel Attal, est resté huit mois à Matignon. Il a promis jeudi de « continuer » à « tisser » le « lien » qui l’unit aux Français, dans un message posté sur X après la nomination de Michel Barnier.