DIRECT. Futur Premier ministre : l’hypothèse Thierry Beaudet s’éloigne, Xavier Bertrand pressenti

Dans des échanges lundi soir avec le Figaro, la présidente socialiste de la région Occitanie Carole Delga apporte son soutien à Bernard Cazeneuve pour Matignon. « C’est un homme de gauche, il a des valeurs socialistes chevillées au corps et il aurait été un bon Premier ministre », a-t-elle déclaré lundi à nos confrères. Mais ce mardi matin – et comme nous l’avons révélé -, c’est bien l’hypothèse Xavier Bertrand (LR) qui tient la corde.

Emmanuel Macron s’est entretenu avec l’ancien secrétaire général de la CFDT Laurent Berger la semaine dernière, a-t-on appris, confirmant une information de franceinfo. D’après franceinfo, le chef de l’État aurait évoqué une éventuelle nomination à Matignon, ce que Laurent Berger aurait refusé.

Sur BFMTV, le maire socialiste de Rouen et premier secrétaire délégué du PS, se montre sceptique sur l’hypothèse Thierry Beaudet, président du CESE, à Matignon. « Ce qui est important, c’est que le Premier ministre soit en capacité de porter un changement de politique (…) Et pour changer de politique, il faut un Premier ministre qui ait de l’autorité, qui soit libre », a-t-il lancé.

« J’ai hâte que ça se termine », a affirmé sur BFMTV Éléonore Caroit, députée macroniste des Français établis hors de France pour qui « il faut prendre une décision ». Le nom du nouveau Premier ministre et le délai avec lequel il sera annoncé restent encore flous.

Le député socialiste de Paris, ancien premier adjoint de la capitale, Emmanuel Grégoire avoue ne pas comprendre « ce que Thierry Beaudet (le président du CESE dont le nom circule pour Matignon) viendrait faire dans cette galère ». « C’est un homme de talent, de dialogue (…) mais je ne crois pas trop à un profil venant de la société civile qui manquerait d’habitude. Un profil politique s’impose. »

Pour lui, Lucie Castets – candidate du Nouveau Front populaire (NFP) pour Matignon et également issue de la société civile -, est davantage quelqu’un de « politique ». « Ce n’est pas parce qu’on n’a pas été élu, qu’on n’est pas politique. »

La remise en cause de la réforme des retraites à 64 ans est une « ligne rouge » pour les macronistes, selon le député EPR (Ensemble pour la République) Sylvain Maillard, alors que cette question est un des points clés pour la formation d’un nouveau gouvernement.

« Nous l’avons toujours dit, c’est une ligne rouge pour nous et ce n’est pas un plaisir de le faire (…), on n’a pas d’autre chemin que de faire en sorte de travailler un peu plus », a assuré l’ancien président du groupe macroniste à l’Assemblée nationale sur franceinfo. « Ce n’est pas de gaieté de cœur, c’est qu’il n’y a pas le choix. Qui voudrait faire autrement emmène la France et l’économie de la France dans le mur », a ajouté le député de Paris.

Olivier Marleix veut un Premier ministre « de droite capable de travailler avec tout le monde ». « Je ne critiquerais pas la nomination d’un Premier ministre de droite », a-t-il assuré alors que l’hypothèse du président LR des Hauts-de-France Xavier Bertrand reste sur la table. « Avec Thierry Beaudet, on a l’impression qu’Emmanuel Macron veut garder la main, ce serait faire fi du choix des Français. »

Olivier Marleix, député LR d’Eure-et-Loir et ancien chef des députés LR, appelle sur LCI Emmanuel Macron à nommer un Premier ministre qui « permette de gouverner et de faire travailler un peu tout le monde à l’Assemblée nationale ». « Le devoir du prochain Premier ministre sera de rendre possible le fonctionnement des institutions », a-t-il avancé en demandant « un Premier ministre d’intérêt général ».

L’hypothèse Thierry Beaudet a suscité moins d’enthousiasme au sein de la classe politique. Un cadre du camp présidentiel s’interroge sur la capacité de Thierry Beaudet à « aller dans la fosse aux lions à l’Assemblée », tandis qu’à gauche la présidente socialiste de la région Occitanie, Carole Delga, observe que l’intéressé n’a « jamais gouverné » ni « travaillé au rassemblement des forces politiques ». « Son manque d’expérience est pénalisant », a-t-elle lancé au Figaro. « Un gouvernement technique serait un gouvernement macroniste censuré. »

Sur le plateau de Télématin, le député macronisme de Paris Benjamin Haddad défend le délai pris par Emmanuel Macron pour nommer un Premier ministre. « C’est normal que ça prenne du temps », a-t-il affirmé en soulignant une « situation inédite » à la tête du pays. « Le président de la République, prend ses responsabilités. Son rôle est de nommer un Premier ministre et de choisir une solution de stabilité pour nos institutions. »

Éric Ciotti, président contesté des Républicains, ne juge « pas crédible » l’hypothèse Xavier Bertrand, président LR de la région Hauts-de-France, à Matignon. « Xavier Bertrand, c’est l’insincérité incarnée, c’est l’absence de conviction (…) c’est un ancien système », justifie-t-il. « Il faut passer à autre chose. »

Interrogé sur l’hypothèse Thierry Beaudet à Matignon, Éric Ciotti le qualifie d’« homme de gauche » et d’« homme du système », qui est à la tête « d’un machin qui ne sert à rien (le CESE) ». « Si on est contraint à ce choix, qui est un choix par défaut et qui est ridicule, cela veut dire qu’on est en profonde déliquescence, dans une crise de régime. »

Éric Ciotti, député des Alpes-Maritimes et fondateur de l’« Union des Droites pour la République » (UDR), invité sur CNews-Europe 1, estime que « le gouvernement actuel se maintient contre toute logique », en taclant une « hypocrisie totale ». « Bruno Le Maire (ministre démissionnaire de l’Économie) est l’homme des déficits », a-t-il affirmé.

Interrogé sur l’hypothèse d’un Premier ministre Les Républicains, le maire de Meaux Jean-François Copé appelle à « reconstituer un pôle de gouvernement avec des électeurs macronistes ». « Un certain nombre de voix à droite ne cessent de s’élever pour dire : on ne peut pas être un parti de gouvernement qui refuse de gouverner. »

Invité sur TF1, le maire de Meaux LR Jean-François Copé réclame « qu’une décision soit prise » pour Matignon. « Où est-il écrit dans la Constitution, dans l’histoire politique de notre pays, qu’il fallait choisir à la tête du gouvernement français quelqu’un de neutre qui n’a pas d’expérience, qui ne connaît pas le monde politique ? », s’est-il interrogé. « Quand la situation est grave, il faut des professionnels. Nous avons besoin d’un professionnel à la tête de ce gouvernement. »

Le député RN de la Moselle Laurent Jacobelli qualifie Thierry Beaudet de « diviseur de gauche ». « On prend le même système et on recommence, en faisant un bras d’honneur aux Français qui n’en veulent plus ni d’Emmanuel Macron, ni de sa politique », a-t-il taclé sur RMC. « On a un idéologue qui sera inféodé à Emmanuel Macron. »

Sur une éventuelle censure d’un gouvernement Beaudet, Laurent Jacobelli répond : « nous verrons bien, nous sommes pragmatiques. »

« On a l’impression que Macron sort tous les jours un nom de son chapeau. Il joue avec les nerfs des Français et avec les institutions. »

« Macron est le président du chaos », a taclé Sébastien Chenu. « Du chaos sécuritaire, budgétaire (…) On est face à des gens qui cherchent à cacher leurs échecs, qui veulent contourner le choix des Français, raisons pour lesquelles il y a un chaos politique. »

Pour vice-président du Rassemblement national (RN) et député du Nord Sébastien Chenu, interrogé sur RTL, l’hypothèse Thierry Beaudet ne passe pas. « Il est à la tête d’un organisme inutile et il est lui-même inutile dans le paysage actuel. Il serait un outil dans les mails d’Emmanuel Macron pour contourner le choix des Français », a-t-il justifié. 

« Macron veut rouler les Français avec un Premier ministre qui conduit la même politique. » Il n’a pas assuré qu’il voterait une motion de censure contre un gouvernement Beaudet, demandant à « l’entendre » en amont.

« Il est intolérable que les parlementaires ne soient pas réunis en session extraordinaire », a notamment écrit Marine Le Pen dans une lettre ouverte, publiée sur le réseau social X (ex-Twitter), adressée aux autres chefs de groupe de l’Assemblée nationale et du Sénat.

Les socialistes ont accueilli sans enthousiasme ce lundi la nouvelle option pour Matignon, Thierry Beaudet : les députés du PS pourraient « bien sûr » le censurer, a mis en garde le patron du parti, Olivier Faure. Le nom du président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), inconnu du grand public, a émergé, alors que le chef de l’État poursuit ses consultations pour trouver un Premier ministre.

Le CV de cet homme plutôt de gauche « n’est pas contestable, j’entends ce qu’il est », mais « je ne sais pas quelles sont les options politiques qu’il défend », a souligné le premier secrétaire du PS sur France info. « On nous donne des noms, et nous, on veut un projet. »

Un troisième nom, plus inattendu car inconnu du grand public, a émergé lundi comme possible Premier ministre : celui de Thierry Beaudet, le président du Conseil économique, social et environnemental (Cese), un profil issu de la société civile, avec une sensibilité plutôt orientée à gauche.

Après avoir balayé le 26 août l’option Lucie Castets, la candidate proposée par le Nouveau Front populaire (NFP), puis vu s’éloigner la perspective de rallier les Républicains dans une coalition, le président Macron s’est entretenu lundi avec deux prétendants possibles à Matignon, l’un venu de la gauche, Bernard Cazeneuve, et l’autre de la droite, Xavier Bertrand. Il s’agissait pour le chef de l’Etat de « tester » ces deux hypothèses, autrement dit de vérifier si un gouvernement dirigé par l’un ou l’autre pourrait éviter une censure parlementaire immédiate. Récit d’un jeu de dupes qui se poursuit à l’Élysée. 

Dans l’entourage du président, aucune information n’a filtré sur les personnalités qui pourraient encore être reçues à l’Elysée ou consultées. Et si l’on continue d’espérer une nomination mardi, c’est là aussi sans aucune garantie.

Bonjour à toutes et tous et bienvenue dans ce direct consacré à la nomination d’un futur Premier ministre.