Trop de touristes sur l’île d’Aix ? Patrick Denaud, maire de ce joyau charentais-maritime, ne s’attendait pas à susciter un tel émoi en lançant ce pavé dans la mare. En novembre dernier, dans le journal municipal, l’élu s’était interrogé sur la surfréquentation de la « petite Corse de l’Atlantique » avant d’inviter l’Agglomération de Rochefort à engager une opération de « démarketing » touristique, et plus précisément à privilégier « une communication réaliste, honnête et non pas idéalisée ».
Cette commune insulaire, dont la population n’excède pas 230 habitants, enregistre en effet des pics de fréquentation quotidiens situés entre 8 000 et 10 000 personnes, en été. Bon an mal an, ce confetti parvenait jusque-là à absorber cet afflux et à satisfaire ces milliers de visiteurs. Le vent, pourtant, aurait tourné face au fort Boyard « L’île d’Aix est un aimant pour le territoire et la Charente-Maritime, mais elle n’est plus adaptée. Nos infrastructures sont insuffisantes, le port n’est pas assez sécurisé, les toilettes ne sont pas assez nombreuses et les canalisations sous-dimensionnées », détaille Patrick Denaud en évoquant aussi l’état des routes, les montagnes de déchets et la nécessaire protection des milieux naturels. S’il juge l’ampleur de cette polémique « irrationnelle », le maire aixois n’en reste pas moins campé sur ses positions : « Nous n’avons pas besoin de communication, pas plus que Versailles ou Le Mont-Saint-Michel ! »
Réduire la fréquentation, pourquoi pas ?
Le 23 janvier dernier, la municipalité a organisé une réunion publique pour détailler sa position aux îliens. « Nous devons trouver une solution, pour le bien des touristes, des commerçants et des habitants. Chacun doit y trouver son compte », assure Patrick Denaud. D’abord surprise, l’Agglomération de Rochefort a fini par créer un « groupe de travail » dédié à l’île d’Aix. Composée d’élus et de techniciens, cette « tour d’observation », selon les mots du maire aixois, doit se réunir en ce mois de février.
Hervé Blanché, le président de cette intercommunalité, appelle de son côté à trouver « le juste équilibre » mais n’imagine pas restreindre l’accès à l’île d’Aix. « Ça serait contraire aux intérêts du village. Réduire la fréquentation durant quelques journées, pourquoi pas, mais certainement pas toute la saison », assure cet élu. Ces jauges pour limiter la surfréquentation, Patrick Denaud les juge lui aussi « utopiques ». Le maire de l’île d’Aix appelle en revanche à « aider la commune » pour financer des équipements dimensionnés à sa réalité : « C’est dans l’intérêt du territoire ».
