À quelques semaines des vendanges, l’inquiétude monte dans le vignoble puydômois. 2024 pourrait bien être une année noire pour les viticulteurs du cru. Entre le gel, la grêle, les fortes précipitations du printemps qui ont entraîné l’apparition de plusieurs champignons comme le black-rot et l’oïdium, la vigne a beaucoup souffert. « Regardez ces feuilles brûlées, c’est la faute au mildiou. Cette année, c’est catastrophique ! », s’alarme Gilles Vidal, 64 ans, viticulteur et président de l’AOC Côtes d’Auvergne, installé à Saint-Georges-sur-Allier (Puy-de-Dôme), au sud de Clermont-Ferrand. Penché sur ses précieux raisins, il ne peut que constater les dégâts.
« Je suis installé depuis 1988 et on n’a jamais vu une telle situation. On n’arrive pas stopper la progression du mildiou même en traitant », explique-t-il. « L’apparition se fait sur le dessus de la feuille avec une petite tache jaunâtre et ça finit par brûler complément la feuille et le raisin. C’est lié à l’humidité. On a eu tellement de pluie ce printemps ! Toutes les appellations sont touchées, certifie Gilles Vidal. À Boudes, 70 % de la vigne est touchée. Châteaugay a pris un fort épisode de grêle en juillet qui a anéanti aussi 70 % des cultures… On a le moral dans les chaussettes. »
Un tiers de bouteilles en moins
Car l’AOC Côtes d’Auvergne est affectée dans son ensemble. « Nous sommes tous touchés. Ce sera une année catastrophique en termes de volumes », confirme Pierre Desprat, patron de la cave Saint-Verny, qui rassemble à lui seul 51 producteurs locaux et 130 ha de vignes sur les 360 que compte l’AOP. « Lors d’une année normale, on sort entre 600 000 et 700 000 bouteilles. Cette année, je sais déjà que nous en aurons facilement 200 000 de moins ! »
L’appellation, qui produit d’habitude quelque 45 hectolitres à l’hectare, pourrait atteindre l’un des plus bas niveaux de ces dernières années, entre 25 et 30 hectolitres. « Pour des exploitations comme la mienne, ce n’est pas trop grave, car j’ai de la trésorerie, mais pour les jeunes qui débutent, c’est très problématique », se désole Gilles Vidal. Du côté de la cave Saint-Verny, on préfère voir la bouteille à moitié pleine. « Je prédis une qualité excellente en gamay », se rassure Pierre Desprat.