Profiter d’un week-end prolongé à Madrid après une semaine de déplacement professionnel : un cas typique de « bleisure », combinaison de business et « leisure » (loisirs en anglais). Certains salariés trouvent leur compte dans cette formule en économisant notamment les frais de transport, pris en charge par leur employeur dans le cadre de la mission.
« À 25 ans j’ai pu visiter des villes comme Tokyo, Shanghai ou Rio en posant une semaine dans le prolongement de mon déplacement professionnel. C’est quelque chose que je n’aurais jamais pu faire si je n’y étais pas allé grâce à mon entreprise », avance Martin (le prénom a été modifié). Ce jeune salarié dans le secteur du sport automobile passe près de six mois par an à l’étranger pour son travail. Bien que le « bleisure » soit légal, cette pratique demande certaines précautions, notamment en matière de partage des responsabilités.
S’il veut prolonger ou anticiper son déplacement, le salarié doit tout d’abord informer de la manière la plus claire possible sa hiérarchie. Rien n’oblige l’entreprise à tolérer cette pratique ni à accepter la pose de jours de congé. En cas d’accord, les conditions du « bleisure » sont ensuite définies avec le salarié.
« J’encourage toujours à bien discuter avec l’employeur des termes qui concernent le prolongement du déplacement professionnel. Un imprévu est vite arrivé, il faut partir l’esprit tranquille », souligne Christine Artus, avocate en droit social au cabinet K&L Gates.
Transports et surcoûts
Il est préférable pour tout le monde de définir en amont et par écrit les dates précises de la mission. « Si le salarié prolonge le séjour pour des raisons personnelles, le risque pour l’employeur est que sa responsabilité soit mise en cause. Pour l’éviter, les termes doivent être définis auparavant par écrit comme preuve que la prolongation n’était pas liée à la mission », précise Marie Content, avocate associée au cabinet BG2V.
Une fois les congés posés, est-il possible de conduire son véhicule professionnel pendant ses vacances ? Si le salarié dispose d’une voiture dite « de service », il n’a pas le droit de l’utiliser à des fins personnelles, celle-ci est réservée à un usage professionnel.
En revanche, s’il bénéficie d’un véhicule « de fonction », des avantages en nature y sont associés. Il peut donc en jouir à sa convenance pour prolonger son séjour selon l’accord passé avec son patron.
Mieux vaut souscrire une assurance adaptée
Attention, pendant ses vacances, le salarié n’est plus assuré par son employeur en cas d’accident sur place. « Il doit avoir sa propre assurance et garantie. Il part en connaissance de cause des risques », avance un spécialiste de l’assureur Allianz.
Pour bénéficier du « bleisure », mieux vaut aussi souscrire une assurance adaptée pour la prise en charge des soins médicaux non prévus.
Enfin, décaler son trajet de retour entraîne parfois un surcoût, qui doit être pris en compte par le salarié. « L’employeur peut refuser de financer ce surcoût, car il n’a pas la nature de frais professionnels », ajoute Marie Content. Mieux vaut donc en être conscient, et discuter en amont avec son employeur de la solution de transport la plus adéquate.