A la veille du Salon de l’agriculture, qui doit ouvrir ses portes à Paris samedi 24 février, Emmanuel Macron cherche par tous les moyens à désamorcer la colère des éleveurs et autres exploitants. Le président a, entre autres, mis la Commission européenne sous haute pression pour qu’elle participe à l’effort.
Alors que les agriculteurs critiquent les contraintes liées à la politique agricole commune (PAC), dénoncent les « normes » du Pacte vert européen, accusent les accords de libre-échange de leur être défavorables et se plaignent de la concurrence déloyale des produits ukrainiens qui accèdent au marché intérieur sans droits de douane depuis le début de la guerre, en février 2022, une partie de la solution se trouve à Bruxelles, juge l’Elysée.
La France n’est pas seule à affronter la grogne de ses agriculteurs. Le mouvement touche aussi l’Espagne, les Pays-Bas, la Pologne, la Belgique, la Grèce, l’Allemagne ou encore l’Italie. « Ce que dit ce mouvement européen de colère et d’inquiétude du monde agricole, c’est aussi une perte de sens et une volonté de savoir où va l’agriculture européenne », commente l’Elysée. A moins de quatre mois des élections européennes, prévues du 6 au 9 juin, qui pourraient voir, si l’on en croit les sondages, l’extrême droite faire une percée à Strasbourg, il y a urgence à faire baisser la pression.
Réduire les contrôles de 50 %
Dans ce contexte, jeudi, l’exécutif communautaire a fait plusieurs propositions sur lesquelles se pencheront les ministres de l’agriculture européens, lors de leur réunion prévue à Bruxelles, lundi. Nombre d’Etats membres lui avaient au préalable communiqué leurs doléances. « Nous avons porté quarante et une demandes, notamment sur les cas de force majeure, la gestion des risques, les contrôles ou encore sur le ratio prairies », a ainsi déclaré le premier ministre français, Gabriel Attal, mercredi.
La première proposition de la Commission concerne l’une des obligations qui est faite aux éleveurs pour qu’ils touchent les aides de la PAC. Aujourd’hui, ils doivent faire en sorte que la surface occupée par les prairies dites permanentes reste, à 5 % près, au niveau de 2018. Alors que la crise laitière et la baisse des prix de la viande ont conduit nombre d’éleveurs à se reconvertir dans la culture de céréales, ils restent en théorie soumis à cette obligation. La Commission « propose d’amender ces règles d’ici à la mi-mars », afin que ces éventuels « changements structurels » soient pris en compte.
Au début du mois, la Commission avait déjà proposé aux Etats membres une nouvelle dérogation d’un an aux règles de mise en jachère, qui conditionnent aussi le versement des aides de la PAC. Sous pression de la France, notamment, elle a revu sa copie le 13 février pour la rendre encore moins contraignante. Alors que les agriculteurs doivent, en théorie, mettre 4 % de leur exploitation (si elle est supérieure à 10 hectares) en jachère ou surfaces non productives (haies, bosquets, mares, etc.), ils peuvent désormais planter sur ces surfaces des cultures fixatrices d’azote, comme des légumineuses, ou des cultures qui permettent une rotation, comme le maïs ou le tournesol.
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