December 23, 2024
Economy

Ces « invisibles » du ménage : « J’aimerais que les gens sachent ce qu’on fait pour eux »


Le train de 5h19 entre en gare. Assise sur le banc du quai du RER B direction sud de la gare du Nord, Djeneba assiste à un ballet qui n’a plus rien d’étonnant pour elle. Sur fond de musique classique, la foule se met soudainement à trottiner dans les escalators pour s’engouffrer dans les wagons. Les aurores aussi ont leur heure de pointe. Elle renonce pour cette fois à se précipiter dans le train, plein à craquer. « Je suis trop fatiguée pour courir », lance-t-elle à Fanta, assise à côté d’elle, qui acquiesce. Elle prendra le prochain.

Djeneba a 46 ans, quatre enfants et trois jobs en tant que femme de ménage dans deux sociétés de sous-traitance. Elle dort environ cinq heures par nuit, soit moins de temps qu’elle ne passe dans les transports chaque jour. Pour cela, elle gagne à peu près 1 500 euros net par mois. Sous le foulard beige à fleurs jaunes en relief qu’elle porte sur la tête, elle a la peau durcie, et des cernes creusés qui sourient avec elle. Tous les jours, des milliers d’inconnus se croisent sur les quais de la gare SNCF la plus fréquentée de Paris. Djeneba, elle, connaît presque tout le monde à cette heure-ci. « Salut ma chérie ! Bonjour Hervé, comment ça va ? » salue-t-elle au passage.

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