December 23, 2024
Life Style

Arabie saoudite : une militante des droits de la femme n’a plus donné de nouvelles depuis trois mois


Une militante des droits de la femme, détenue en Arabie saoudite depuis un an et demi pour des publications sur les réseaux sociaux, a perdu tout contact avec l’extérieur, a dénoncé ce mercredi Amnesty International. « Les autorités saoudiennes doivent immédiatement libérer Manahel al-Otaibi, une coach sportive, défenseure des droits humains et blogueuse de 29 ans, qui a disparu de force depuis novembre », un an après son incarcération, a affirmé l’organisation de défense des droits humains dans un communiqué.

« Les responsables de la prison et d’autres responsables ont coupé tous ses contacts avec sa famille et le monde extérieur et ont refusé de fournir à sa famille des informations sur son sort et son état de santé, malgré leurs demandes répétées », s’insurge l’ONG. « Peu avant que nous ayons perdu contact avec elle, Manahel nous a dit qu’elle avait été violemment battue par une codétenue », a raconté sa sœur Fawzia, citée dans le communiqué.

« Toute activité promouvant les droits des femmes est criminalisée »

Manahel al-Otaibi avait été arrêtée en novembre 2022 pour avoir publié des messages contestant les lois sur la tutelle masculine dans le royaume ainsi qu’une photo d’elle sans abaya, une longue robe ample couvrant le corps que les femmes doivent obligatoirement porter dans les lieux publics.

Elle a comparu en janvier dernier devant des juges pour avoir mené une « campagne de propagande visant à inciter les jeunes filles saoudiennes à dénoncer les principes religieux et à se rebeller contre les coutumes et les traditions de la société saoudienne », selon des documents judiciaires consultés à l’époque par l’AFP. Elle a ensuite été renvoyée devant la Cour pénale spécialisée, une juridiction établie en 2008 pour traiter les affaires liées au terrorisme. Ce tribunal « est connu pour mener des procès inéquitables et prononcer des peines sévères, y compris la peine de mort », à l’encontre de dissidents politiques et militants des droits humains, a souligné Amnesty International. L’an dernier, 170 condamnés à mort ont été exécutés dans le royaume.

« C’est la réalité du traitement des femmes saoudiennes que les autorités tentent de cacher derrière leur image médiatique. Toute activité promouvant le féminisme et les droits des femmes est criminalisée », dénonce encore Fawazia depuis le Royaume-Uni où elle s’est exilée, pour ne pas risquer les mêmes poursuites que sa sœur.

Souvent accusée de réprimer les dissidents, l’Arabie saoudite a infligé des peines de prison très sévères en août et septembre 2022 à deux femmes ayant relayé des messages critiques sur les réseaux sociaux. Depuis 2018, pourtant, le prince héritier Mohammed ben Salmane promet d’œuvrer pour « l’autonomisation des femmes » saoudiennes, mais l’analyse d’Amnesty international des textes de loi en rapport avec cette volonté affichée, montre qu’ils « perpétuent le système de tutelle masculine et codifie la discrimination à l’égard des femmes dans la plupart des aspects de la vie familiale ».

Et la justice s’y attelle aussi : en janvier de l’année dernière, 5 janvier 2023, la Cour pénale spécialisée avait condamné en appel Salma al Shebab, une doctorante à l’université britannique de Leeds et mère de deux enfants, à 27 ans de prison puis 27 années d’interdiction de voyager pour avoir publié des tweets en faveur des droits des femmes. En première instance, elle avait été condamnée à 34 ans de prison. Son compte X comptait à l’époque de la publication 2 597 abonnés.

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