Encore mieux que 2019, année des foules du 75e anniversaire du débarquement de Normandie. Les trois musées de Bayeux ont fait fort en 2023 avec « 557 000 visiteurs, un record depuis plus de quinze ans », sourit Loïc Jamin, maire adjoint en charge du tourisme. Le musée d’art et d’Histoire Baron Gérard, le musée mémorial de la bataille de Normandie et, en figure de proue, la Tapisserie de Bayeux (423 000 visiteurs à elle toute seule), affolent les compteurs dans la capitale du Bessin. Ils rouvriront en février après leur trêve annuelle de janvier.
2023 n’était pourtant pas prédestinée à sortir du lot. Plusieurs facteurs expliquent le phénomène, au sein d’une ville attractive par essence. « Le retour des étrangers se confirme dans l’après-Covid et on constate une hausse de la clientèle française, note Loïc Jamin. Et puis, la Tapisserie a été très présente médiatiquement. » Des documentaires sur les chaînes publiques, un « Meurtres à Bayeux », téléfilm policier de la série de France 3 ou encore un épisode de « À toute berzingue », la vidéo historique de Lorant Deutsch (48 000 vues sur YouTube) ont offert une jolie vitrine au joyau médiéval et à la cité.
Le 80e anniversaire du D Day en ligne de mire
Bayeux sert par ailleurs de base arrière de choix aux touristes intéressés par les plages du Débarquement. Une position aux retombées majeures : « Beaucoup de tours partent d’ici, indique Simon, réceptionniste de l’hôtel Reine Mathilde, en centre-ville. Nous recevons environ 70 % d’Américains. Ils viennent pour les plages mais quasiment tous visitent les musées. » Facile dans une commune où « tout est à quelques minutes ». « Les gens du monde entier vont à la Tapisserie, appuie Marie-Noëlle, une habitante. Ils étaient très nombreux l’été dernier. » De quoi faire de la fréquentation des musées bayeusains un indicateur prometteur de la santé touristique de Bayeux.
« Ici, ça parle Anglais dans les rues toute l’année », glissent Franck et Alex. Ces deux locaux n’ont pas spécialement le sentiment d’avoir vu plus de monde en 2023 et pour cause : « Il y a beaucoup de visiteurs comme d’habitude. Ça donne une ville qui vit ! »
La commune (hors agglomération) compte un peu plus de 13 500 habitants mais fait valoir un certain dynamisme grâce à ses atouts géographiques et culturels. « On fait des rencontres, on entend de l’anglais, de l’allemand, du néerlandais. Il y a en plus beaucoup d’animations avec le Prix Bayeux des reporters de guerre, les fêtes médiévales très reconnues… Avec les musées, la cathédrale, c’est un ensemble », salue Marie-Noëlle. Les habitants paraissent apprécier l’ambiance, comme les professionnels.
Car après un cru 2023 réussi, voilà que se présente l’année du 80e anniversaire du Jour J. « L’hôtel est déjà quasiment complet pour la saison, souffle Simon, le réceptionniste. Il y a beaucoup de groupes, qui viennent pour une quinzaine de jours. Et ils iront visiter les musées ». Loïc Jamin convient « qu’il sera difficile de faire plus. On est à bloc l’été. Peut-être accueillir un peu plus de monde sur les ailes de la saison estivale et en décembre. » L’effet du 80e aura des répercussions pendant plusieurs années.
Bayeux compte bien fidéliser et attirer une nouvelle clientèle aperçue ces derniers temps, tentée par un séjour, souvent court, de découverte itinérante de la ville et ses alentours. Avec un musée de la Tapisserie largement modernisé en 2027, Bayeux a des perspectives et aussi des points de vigilance comme le logement. « Dans ma rue, des logements ont été transformés pour accueillir des touristes. Ça enlève des habitants pérennes dans le centre », alerte Marie-Noëlle. Une rançon du succès sur laquelle les élus gardent un œil.
