A l’heure où la grève des contrôleurs à la SNCF lors d’un week-end de départ en vacances a relancé les polémiques sur la légitimité de ces actions, une étude publiée jeudi 15 février par la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques du ministère du travail (Dares) apporte des éléments de mise en perspective. L’analyse porte sur 3 824 établissements de 11 salariés ou plus du secteur privé non agricole ayant participé à l’enquête Réponse 2017 sur les relations sociales en entreprise.
Durant la période 2014-2016, les conflits collectifs (pétition, rassemblement, grève…) ont affecté une minorité d’établissements. Ainsi, 7 % connaissent des conflits individuels (tensions interpersonnelles, arrêts maladie ou démissions fréquentes) et quelques rares tensions collectives, 6 % des conflits individuels et collectifs fréquents mais courts, et seuls 3 % sont en proie à des conflits fréquents et longs. Au contraire, 47 % des entreprises ne font face qu’à des conflits individuels et 38 % peu ou pas du tout.
Les établissements les moins concernés sont ceux qui emploient plus de cadres, où la part de salariés en CDD ou en intérim est plus basse. Ce sont le plus souvent des entreprises de moins de 20 salariés, avec une représentation syndicale plus faible. A l’inverse, les conflits longs surviennent dans des sociétés de taille plus importante : elles représentent à elles seules 10 % des salariés du privé. Ce sont davantage des anciens et grands établissements de l’industrie et des transports – du type de la SNCF, donc, même si aucun n’est nommé. Les contrats précaires y sont plus fréquents. Et 87 % ont des délégués syndicaux.
Pas de « division sexuée »
Surtout, l’étude identifie « une corrélation significative entre conflictualité au travail et rémunération ». La rémunération horaire brute moyenne est en effet supérieure dans ces établissements les plus conflictuels (19,40 euros, contre 16,40 euros dans les non conflictuels en 2014 ; l’écart est le même en 2019). Elle est également de quelques euros supérieure là où il y a eu au moins un conflit sur les salaires.
Pour autant, au regard des disparités dans les profils des entreprises, il n’est pas établi que la conflictualité soit la seule raison de ces écarts. D’ailleurs, que les entreprises aient connu des tensions ou pas, la courbe d’augmentation des salaires y est sensiblement la même sur la période.
Enfin, l’enquête ne met pas en évidence de « division sexuée de la conflictualité au travail ». Les établissements où les femmes sont majoritaires connaissent autant de conflits collectifs. Cependant, les négociations y abordent plus rarement les augmentations individuelles (– 15 points). Au passage, la Dares rappelle que, depuis les années 1970, le nombre de journées individuelles non travaillées pour fait de grève a été divisé par trois.